Volume XII:1 January - June 2022
Au pied des Annapurnas
Au pied des Annapurnas
Impromptu népalais
 
Il y a vingt-cinq ans, le 27 octobre 1997, je découvrais pour la première fois l’Inde, plus exactement Madras au Pays Tamoul. La plongée dans une culture ancestrale fut une expérience inoubliable. Au milieu de mon nouveau peuple, j’étais comme un enfant émerveillé. Petit à petit, je compris que ce que je percevais de l’Inde était en fait le monde tamoul. Vibrant, excessif, incandescent… À jamais le souvenir de la ferveur des temples hindous s’est gravé dans ma mémoire, tout comme les foules de pèlerins gravissant la colline d’Arunachala, le soir de la fête de Dipam, pour vénérer la flamme de l’immense brasier brillant en son sommet. C’est peut-être aujourd’hui, à des milliers de kilomètres de Tiruvannamalai, Chidambaram et Madurai que je comprends plus clairement la grandeur de l’hindouisme du Sud de l’Inde et la façon dont il a traversé les âges en conservant presqu’intacte son immémoriale tradition. Après tant d’expériences dans d’autres états de l’Inde, après tant d’études surtout, il me semble être prêt pour aborder dans une nouvelle maturité le Pays Tamoul dont j’ai gardé une perpétuelle nostalgie.
 
En 2009, lorsqu’avec mon confrère Camille Cornu, nous discernions où commencer une nouvelle implantation MEP en Inde, Bénarès s’est progressivement imposée à nous. Ma formation, mon expérience et l’appel qui m’habitait d’être prêtre catholique au cœur de l’hindouisme me dirigeait naturellement vers la cité sainte du Nord, avec la possibilité d’étudier le sanskrit et les traditions philosophiques hindoues. Ville cosmopolite où tout le pays se rend en pèlerinage, Bénarès m’a comblé au delà de ce que je pouvais imaginer. Ce n’était plus uniquement la culture tamoule que je découvrais ou encore celle de l’Uttar Pradesh où je résidais désormais mais aussi celles du Bengale, du Gujarat ou de l’Andhra Pradesh telles qu’elles se donnent à voir sur les bords du Gange dans les foules bigarrées des pèlerins. De même, comme chrétien, je n’étais plus seulement face à l’hindouisme mais aussi au milieu du jaïnisme, de l’islam, du sikhisme et encore du bouddhisme à travers tous les pèlerins asiatiques venus en pèlerinage vers les terres où vécut le Maître. Un tel métissage me combla et, sondant les profondeurs de l’histoire, je faisais mien le meilleur de ce qu’il a produit spirituellement. Cependant, au fil du temps, je compris aussi les blessures de la mémoire marquée par les conflits entre hindouisme et islam qui ont ensanglanté le Nord de l’Inde depuis un millénaire. De plus, à Bénarès, j’étais au cœur de la dérive politique de l’hindouisme, si loin de la paix du Sud et des traditions qui sont trop immémoriales pour se sentir en danger face à quelconque altérité religieuse.
 
Puis vint le Népal, d’abord à la faveur de mes retraites estivales pour échapper aux étés brûlants de Bénarès et ensuite, à cause de la crise de la Covid qui a bouleversé nos vies, comme un refuge depuis novembre 2021. Au fil des mois à Katmandou, alors que l’Inde ne se rouvrait pas, le magnifique pays étiré de tout son long aux pieds des Himalayas m’est devenu un nouveau peuple qui, tout en me gardant dans l’univers religieux du Sous-Continent indien, a apporté à mon existence des dilatations insoupçonnées : en particulier, une autre façon de regarder l’hindouisme de Kanyakumari tout au Sud jusqu’au sanctuaire de Muktinath à quelques distances du Tibet.
 
Un autre hindouisme
 
C’est au cours d’un bref séjour en Inde en février 2010 pour faire découvrir à mes parents ma future implantation à Bénarès que je vins pour la première fois à Katmandou, ville séparée des bords du Gange par seulement quarante-cinq minutes de vol. Nous fûmes accueillis par Bernadette Vasseux qui, durant des décennies, fut la secrétaire de l’ambassade de France. Premiers regards sur la vallée verdoyante, premières impressions, premiers éblouissements devant la beauté et la ferveur d’un peuple… Il fallut attendre 2014 pour que je revienne régulièrement au Népal. En 2019, maîtrisant le hindi et le sanskrit, je me lançais dans l’apprentissage du népalais pour avoir un contact plus direct avec la population, particulièrement dans les villages. Ce fut sans doute le tournant décisif pour ne plus aborder le Népal dans la seule comparaison avec les différents mondes indiens que je connaissais. Je devais désormais m’initier à la singularité propre de l’hindouisme tel qu’il est vécu ici.
 
Vivant à Bénarès, je jouissais déjà d’un certain accès à la culture népalaise grâce aux nombreux étudiants brahmanes qui viennent en nombre se former dans la ville sainte. Certains d’entre eux sont devenus de grands amis. De même, dans les écoles védiques, quelques uns des professeurs renommés de sanskrit sont nés
Temple de Pashupatnath, Kathmandu
Temple de Pashupatnath, Kathmandu
au Népal. Tout ceci me faisait pressentir une tradition encore bien vivante, même si j’avais du mal à en saisir tous les contours. Nombreux  de mes amis tenants de l’hindouisme politique me parlaient avec nostalgie du Népal comme du seul royaume hindou, véritable bastion religieux jusqu’à l’abolition de la monarchie en 2008 qui laissa place à une démocratie laïque. Effectivement, mes premiers séjours annuels à Katmandou me donnaient la sensation d’échapper pour un temps aux convulsions de l’Hindutva, l’hindouisme fondamentaliste, qui est aujourd’hui au pouvoir en Inde. Je pouvais ainsi me reposer de toute la propagande que je côtoie quotidiennement sur les bords du Gange et il me semblait que personne n’aurait ici l’idée d’en venir aux armes pour des questions religieuses.
 
Au fond, le Népal me donne de faire de l’hindouisme l’expérience d’une religion certes majoritaire mais non hégémonique[1]. Un hindouisme qui n’a jamais connu les humiliations des invasions étrangères. Un hindouisme qui, d’une certaine façon, est sans doute moins enraciné dans les vallées reculées des Himalayas qu’il ne l’est dans les plaines du Gange ou celles du Pays Tamoul – j’en veux pour preuve le nombre plus restreint d’écoles védiques au Népal. Enfin, un hindouisme qui a dû se confronter surtout au chamanisme très prégnant sur tout le territoire et qui, à l’instar du bouddhisme dans les hautes terres du Tibet, a dû conserver bon nombre de traditions occultes qui feraient sourciller la stricte orthodoxie des brahmanes de Bénarès ou de Kanchipuram.
 
Pourtant, la vie quotidienne des hindous de Katmandou continue d’être rythmée par les rituels, surtout au moment des fêtes et des rites de passage qui scandent la vie humaine de la naissance à la mort. Le grand sanctuaire shivaïte de Pashupatinath est l’un des poumons spirituels de la ville mais il est fréquenté plus épisodiquement que les temples au Pays Tamoul. Cependant, il faut avoir vécu une nuit de Shiva – la Shivaratri en février-mars – ou le mois sacré de Shravan en juillet-août pour être ébloui par la ferveur des fidèles. Pashupatinath est aussi le lieu où se rencontrent les ascètes de la tradition Nath, les gardiens du Hatha Yoga qui, au fil des siècles, ont modelé l’identité religieuse du Népal et furent protégés par les souverains. J’aime m’asseoir près d’eux le soir, quand réunis autour du feu, ils chantent de joyeux bhajans emplis d’une vraie dévotion.
 
Pashupatinath n’est qu’un des innombrables temples hindous de Katmandou et ne pas évoquer ceux de la déesse – qu’elle soit Durga, Kali ou Taleju – serait oublier la profonde empreinte tantrique qui a trouvé dans l’arrière-fond chamanique du pays un terreau fertile. Autant dans les villes que dans les campagnes, grand est l’attachement à la déesse pour laquelle nul ne reculera à sacrifier buffles et chèvres, badigeonnant son effigie de leur sang encore chaud. Le rouge est d’ailleurs une couleur omniprésente au Népal – en particulier dans les somptueux saris et bijoux des femmes, un rouge écarlate qui manifeste la shakti, l’énergie divine.
 
À côté de l’hindouisme populaire et traditionnel des temples et des lieux de pèlerinage, comme la confluence de Devghat, les lacs de Gosainkund ou le lointain sanctuaire de Muktinath, qui ont tous gardé une émouvante authenticité, beaucoup de népalais sont attirés par les courants modernes moins formels que l’on trouve dans les ashrams de Yogananda, d’Osho, de l’ISKCON ou avec le vipassana de Goenka[2] : un mélange de yoga mâtiné de new age internationalisé, un zest de tradition pour beaucoup de nouveautés. Je crois que je suis trop enraciné dans une expérience orthodoxe de l’hindouisme pour trouver quelconque intérêt dans ces lieux où nombreux occidentaux partent en quête de bien-être. Quand je ne suis pas avec les foules de fidèles les jours des fêtes religieuses, je préfère retrouver mon ami le Swami Ekarthananda qui dirige la Ramakrishna Mission au Népal ou le Pandit Kashinath Neupane qui est l’aîné d’une famille de sept frères, tous professeurs de sanskrit ! Kashinath-ji a étudié à Bénarès au début des années 1980 et, avec tant de liens en commun, il nous semble habiter le même monde.
 
Ferveur newar
 
Si l’hindouisme est la religion que pratiquent massivement les népalais, elle constitue de façon singulière l’identité des chhetri-bahuns, les castes des guerriers et des brahmanes qui sont originaires des plaines de l’Inde et, au fil des migrations, se sont répandus sur tout le territoire du pays. Or, la grande beauté du Népal est d’être une véritable mosaïque ethnique – ce qui donne aux visages une inépuisable variété. Magars, Gurungs, Rais, Limbus, Tamangs, Sherpas, Danuwars… Je commence à peine à me repérer dans une telle complexité où chaque groupe possède son propre dialecte et ses coutumes particulières. Sur la carte du Népal, je peux maintenantsituer grosso modo les territoires de chaque ethnie. À cela, il faut ajouter la singulière diversité religieuse : hindous, bouddhistes, musulmans, kirats,
Dance du Majipa Lakhey durant l'Indra Jatra
Dance du Majipa Lakhey durant l'Indra Jatra
bönpos, sikhs et aussi chrétiens (surtout pentecôtistes). Lorsque l’on vit à Katmandou qui, à la faveur du massif exode rural provoqué par l’insurrection maoïste des années 2000, réunit désormais tout ce que le pays peut compter de diversité humaine, une communauté est plus que tout autre importante car elle est celle qui a historiquement façonné la culture de la vallée : il s’agit des Newars.
 
Dès ma première visite en 2010, j’avais été ébloui par la culture newar : une architecture de bois et de briques à nulle autre pareille qui a légué à l’Asie les toits en pagodes, une ferveur religieuse qui n’a rien à pâlir devant celle des ghats de Bénarès ou des parvis du temple de Madurai, un sentiment très prégnant de mystère qui a ensorcelé les visiteurs étrangers qui ne furent admis ici qu’à partir de 1950. Les Newars sont des artistes hors-pairs qui ont constitué un patrimoine religieux unique sous l’égide des souverains des trois antiques royaumes de la vallée : Katmandou, Patan et Bhaktapur. Cette culture connut son heure de gloire aux XVIe et XVIIe siècles, jusqu’à ce que le roitelet de Gorkha, Prithvi Narayan Shah (1722-1765), prît d’assaut la vallée et commençât l’unification du Népal moderne, entraînant la marginalisation politique des Newars. Pourtant, de traditions ancestrales en fêtes religieuses rythmant l’année, de rites ésotériques en remarquables artisanats du bronze et du bois, la culture newar est bien vivante et semblerait même bénéficier d’une certaine renaissance parmi les jeunes générations, comme affirmation de leur identité propre face au monde des chhetri-bahuns.
 
J’ai fait mes premiers pas dans l’univers newar comme un esthète visitant les temples et les cités, tombant amoureux du petit bourg de Panauti où les sculptures des couples enlacés sont sûrement parmi les plus belles de celles que j’ai contemplées au Népal. Avec leur style singulier, les temples hindous newar me plongeaient dans un univers où je retrouvais les mêmes harmoniques que dans les temples de l’Inde. Cependant, lorsque je pénétrais dans les monastères bouddhistes newars, il me semblait perdre pied. Bien sûr, je reconnaissais les statues de Siddhartha Gautama, le Bouddha historique né à Lumbini dans les plaines du Teraï, mais à ses côtés surgissait une série de bodhisattvas dont j’ignorais les noms. Il me fallait consentir à accueillir sans la comprendre une telle profusion de visages et de symboles comme dans le Kwa Bahal de Patan. Ensuite, pour trouver une porte d’entrée dans cette tradition ésotérique, je me plongeais dans la magistrale étude sur le Népal de Sylvain Lévi qui fut l’un des rares étrangers à pénétrer en 1897 dans le royaume interdit. Avec lui, je compris que l’étonnant bouddhisme newar est le témoin en ligne directe de la dernière forme, très tantrique, du bouddhisme indien, au moment où celui-ci, disparaissant au XIIe siècle de la terre qui l’avait vu naître, trouva refuge dans la vallée de Katmandou où les moines s’exilèrent.
 
Pour continuer mon apprentissage du bouddhisme newar qui me donnait une clef de compréhension non seulement de l’histoire indienne mais aussi des liens qui unissent l’Inde au Tibet et au reste de l’Asie, j’ai ouvert les ouvrages capitaux de John Locke, un jésuite américain qui a passé sa vie à étudier les rituels des temples et monastères. De plus, je bénéfice de l’amitié au long cours de son héritier, Gregory Sharkey, lui aussi jésuite américain établi au Népal, ainsi que d’autres passionnés de culture newar : Betty Woodsen, Nirmal Tuladhar… L’ambassadeur de France, François-Xavier Léger m’a fait découvrir les travaux essentiels de l’ethnologue Gérard Toffin dont toute la carrière s’est déroulée dans une approche toujours plus fine du monde newar. Enfin, au fil des mois, j’ai reçu la grâce de l’amitié de Newars : le prêtre Indra Bajracharya, le danseur Raju Sakya et le photographe Prasant Shresta. Tous ont éclairé un angle d’une réalité qui, au début, me semblait si hermétique. C’est grâce à eux que j’ai pu vibrer devant la ferveur religieuse des fêtes qui, à partir du mois d’août, se sont succédées et sont toujours l’occasion de renforcer l’identité newar : le mois sacré de Gunla au stupa de Swayambhunath, Gai Jatra où l’on honore les défunts à Bhaktapur et enfin l’océan humain accompagnant les processions de chars lors de l’Indra Jatra dans les ruelles des Basantpur. Les tambours de la nuit retentissent encore dans ma mémoire sur fond du visage démoniaque de Majipa Lakhey. Je ferme les yeux pour revoir la course folle du Pulu Kisi, le mime de l’éléphant sacré à la recherche du dieu Indra que les habitants de la vallée retinrent prisonnier après qu’il fût venu voler les fleurs du jasmin corail. Et remontent à mon esprit les danses des déesses masquées et l’effigie terrifiante de Swet Bhairav sur les parvis de l’antique palais royal. Ce fut mon immersion la plus intense dans le monde newar faisant remonter, dans la joie de tout un peuple rassemblé, la richesse d’une histoire ancestrale…
 
Au delà des Himalayas
 
Depuis mon retour inespéré à Katmandou en novembre 2021,
Stupa de Bodhnath, Kathmandu
Stupa de Bodhnath, Kathmandu
en pleine crise de la Covid, je me suis installé dans le quartier tibétain de Boudha, non loin du grand temple hindou de Pashupatinath. Dans l’oratoire du jésuite Gregory Sharkey orné de motifs tibétains, j’aime célébrer l’eucharistie à la croisée de ces mondes bouddhiste et hindou. Si j’avais dû m’installer à long terme à Katmandou, Patan aurait eu ma faveur à cause de sa culture newar mais Boudha me donne de vivre au quotidien en compagnie des moines et des fidèles bouddhistes qui se pressent autour de l’antique stupa. Comme j’aime ce lieu où bat l’un des cœurs de l’Asie ! Les grands yeux de l’Éveillé qui nous regardent interrogateurs depuis le sommet de ce splendide monument religieux. Les drapeaux de prières colorés qui volent au vent. Les fumées d’encens qui emplissent l’atmosphère. La prière des pèlerins tournant autour du stupa le matin et le soir. La rumeur des interminables prières qui se déroulent dans les monastères… Vivre ici est un vrai privilège pour qui est passionné de religions et cultures asiatiques.
 
Depuis des siècles, Boudha est un haut-lieu pour les tibétains dont les caravanes traversaient les cols himalayens pour gagner la vallée de Katmandou et faire du commerce avec l’Inde. Telle est d’ailleurs l’illustration même de ce qu’est le Népal : une interface entre deux géants politiques, une terre de rencontres et de métissages. Si le bouddhisme newar m’a attiré naturellement à cause de son profond enracinement indien, le bouddhisme tibétain m’intéresse (tout autant qu’il m’effraye par son extrême complexité) car je sens qu’en lui, mon expérience se dilatera vers de nouveaux horizons, jusqu’à opérer la liaison avec la Chine – cette civilisation qui me semble si loin vue de l’Inde. Dans la vallée de Katmandou, l’implantation des monastères tibétains est ancienne : lorsque l’école des Gelupas – celle des Dalaï Lamas – a pris aux XVIe et XVIIe siècles le contrôle religieux et politique des hauts-plateaux, des lamas de l’école des Kagyupas ont gagné Katmandou. Par ailleurs, depuis des siècles, les deux autres écoles bouddhistes tibétaines des Nyingapas et des Sakyas se sont installées dans les régions himalayennes du Mustang, du Dolpo et bien d’autres vallées reculées. Avec l’invasion du Tibet par la Chine en 1950, de nombreux moines et laïcs se sont réfugiés au Népal et ont construit des monastères florissants. Même si le contrôle exercé sur eux par le gouvernement de Pékin est plus important qu’en Inde, les Tibétains sont désormais l’une des composantes essentielles de la mosaïque ethnique du Népal.
 
Tout en étant conscient qu’il faudrait des années d’études que je ne pourrai fournir car trop enraciné à Bénarès dans la réalité hindoue, j’aimerais pourtant profiter de mon séjour au Népal pour assimiler au moins quelques miettes de cette culture. Cependant, l’épidémie de la Covid a fermé provisoirement l’accès aux monastères, rendant quasiment impossible les contacts avec les lamas. Je me contente alors de laisser infuser en moi la richesse religieuse de ce monde dont je suis le témoin chaque jour à Boudha mais aussi dans mes longues marches dans les Himalayas où je côtoie d’autres mondes dont je commence à pressentir l’importance décisive pour saisir dans son ampleur la diversité du Népal : les bönpos (religion originelle du Tibet), les kirats et le chamanisme dont les études remarquables du jésuite Casper Miller m’ont autant dérouté que passionné.
 
Quand en février 2010, notre avion se posa sur l’étroite piste d’atterrissage de Katmandou, je n’aurais jamais imaginé qu’au fil du temps, je devienne si attaché au Népal. Au départ, je ne voyais ce pays que dans la continuité de mon expérience indienne, pensant que Katmandou était dans la même tonalité religieuse hindoue que l’Inde. Il a fallu que je passe plus de temps ici jusqu’à ce dernier séjour impromptu de plus d’un an pour consentir à ne plus faire de comparaison et commencer à m’ouvrir à ce que ce peuple à d’unique. Ce ne sont que des balbutiements tant chaque jour m’offre de pénétrer davantage dans la richesse humaine et religieuse du Népal. Je devrais encore évoquer la présence considérable des pentecôtistes ou celle des musulmans des plaines du Teraï.
 
Vingt-cinq ans après ma première découverte de l’Inde, celle du Népal enrichit ma vie de nouvelles expériences, de nouvelles amitiés et surtout de la fraternité d’un peuple profondément attachant.
 
Notes
[1] Selon un recensement de 2011, la population du Népal est hindoue à près de 81%, bouddhiste à 9%, musulmane à 4,4% et chrétienne à 1,4%. 
 
[2] Paramahansa Yogananda (1893-1952) et son Kriya Yoga, Bhagwan Shree Rajneesh dit encore Osho (1931-1990), Bhaktivedanta Swami Prabhupada (1896-1977) fondateur de l’Association Internationale pour la Conscience de Krishna (ISKCON) et Satya Narayan Goenka, propagateur de la méditation vipassana, sont quelques uns des fondateurs de nouveaux courants au XXe siècle dans l’hindouisme et le bouddhisme.
 
 
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