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« Mouvement et immobilité »
6ème rencontre interreligieuse de Ronchamp – France

Si les sœurs clarisses du monastère de Ronchamp ne sont pas membres officiellement du DIMMID, le dialogue avec des fidèles d’autres traditions religieuses, spirituelles, semble être une partie constitutive du charisme de cette petite implantation contemplative sur la colline de Ronchamp.

La 6ème rencontre interreligieuse, tenue le samedi 18 juin 2022 semblait renforcer les rouages de notre collaboration avec les autres acteurs présents sur ce haut lieu spirituel-culturel, inscrit sur la liste du patrimoine mondiale de l’UNESCO. La taille relativement petite de notre communauté permet en effet d’expérimenter comment notre apport, qui se situe avant tout au niveau contemplatif, monastique, peut se conjuguer avec d’autres atouts, possibilités pour créer une synergie portant un projet à plusieurs facettes. Nos rencontres interreligieuses de Ronchamp ne sont pas uniquement intermonastiques. Cependant, il nous semble de plus en plus clair que la dimension monastique, contemplative, est comme au cœur de ces événements. Elle les soutient, elle les favorise. En ce sens-là, les rencontres de Ronchamp sont un petit exemple de l’apport mutuelle entre le dialogue contemplatif, monastique et un dialogue plus large, incluant la dimension conviviale, festive ou « intellectuelle ».
 
Cette articulation a laissé sa marque sur la rencontre de 18 juin. Avec une organisation lancée sur le tard, à un jour de pic de chaleur de juin, avec peu de participants musulmans, notre journée, dont le thème était « Immobilité et mouvement », était d’une très grande qualité spirituelle et fraternelle. Si nous nous sommes questionnés sur la place du corps dans nos pratiques spirituelles, les organisateurs et
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les intervenants de la journée ont tout fait pour nous apporter des réponses. Commencé avec une montée sur la Colline par le chemin des pèlerins, par le bois, la journée s’est terminée avec une découverte des danses d’Israël. Les membres de l’Association de l’œuvre de Notre Dame du Haut (AONDH), Elisabeth, Christine et le président, Jean-Jacques, non seulement ont offert le cadre matériel, en nous réservant la grande Chapelle construite par Le Corbusier pour le temps des exposées, ou préparé des espaces de pique-nique à l’ombre des grands arbres, etc. Ils étaient aussi là pour inviter nos amis juifs, qui ont accepté de nous rejoindre pour la fin de la rencontre même le jour du shabbat. Quant au chapelain de Notre Dame du Haut, c’est lui qui a invité cette fois-ci deux intervenants musulmans, de tendance soufie, qui font partie de son cercle d’amitié. M. Belhajd, représentant de la grande mosquée de Paris dans la région et son ami Mohammed, professeur de lettres, passionné d’histoire des religions, nous ont expliqué diverses attitudes de la prière musulmane. Ils nous ont fait découvrir, entre autres, le lien entre le nom (la graphie) du nom du premier homme, Adam et la prière. « Alif » illustrant la position debout, « dal » l’inclination et « mim » la prosternation du croyant devant Allah, son créateur. Notre vicaire épiscopal, le Père Franck, diplômé de liturgie, mais aussi curé très occupé d’une paroisse, a accepté de revisiter, à partir de l’évangile de Luc, les diverses postures par lesquelles s’exprime la prière chrétienne. S’agenouiller, se tenir debout, s’assoir pour écouter, se prosterner… Lama Tsultrim, moine bouddhiste français, nous a retrouvés avec deux de ses frères moines. Il nous a parlé des représentations importantes du Bouddha : assis en lotus, en touchant le sol, ou couché sur le côté. Ses gestes symbolisant diverses offrandes ont tout de suite trouvé des échos chez tous ceux qui aiment et cherchent la beauté simple d’une célébration liturgique. Grâce au Lama certains ont découvert que le bouddhisme ne connait pas seulement la méditation assise,
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mais aussi des prosternations. Leurs 100 mille prosternations ou bien plus n’est pas un exercice anodin : elles aident la purification, expriment la vénération et le don de soi.
 
Les contemplatives que nous sommes ont pratiqué l’hospitalité spirituelle ce jour-là en offrant l’espace de notre oratoire à deux temps de méditation. A l’ombre de l’icône de la Trinité de Roublev, symbole puissant de l’hospitalité divine, nous nous sommes retrouvés comme pèlerins de l’Absolu, réunis autour du puits d’un mystère qui nous réunit et nous sépare à la fois, comme dit Pierre de Béthune. Après un temps de méditation, guidé par nos amis bouddhistes, G. Vieille, coordinateur régionale de WCCM et ses amis ont également animé un temps de méditation chrétienne, présentant en même temps leur mouvement. C’était un pas minuscule, mais réel d’une collaboration avec un groupe de cette communauté, collaboration qui se retrouve aussi aux divers niveaux du DIM.
 
C’était la première fois que les divers partenaires organisant la journée se sont tombé d’accord pour que ces temps de méditation – ateliers -, puissent avoir lieu. Et ces moments, soutenus et préparés aussi par les exposées, étaient les racines, le cœur de notre journée. Nous commençons déjà à réfléchir au thème central de la rencontre de 2023. Pèlerinage ? Art ? Textes sacrés ? Mais un thème revient avec insistance : les fondements spirituels du dialogue. Et si le dialogue modeste, souvent caché et silencieux des moines et des moniales était un de ses fondements sur lequel la rencontre, le dialogue entre les religions peut se construire encore aujourd’hui ?
 
 
 
 
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