Vol XV No 1 January - June 2025
Iftar à Maitri Bhavan pendant le Ramadan 2024
Iftar à Maitri Bhavan pendant le Ramadan 2024
 
Maitri Bhavan
Amitiés sur les bords du Gange
 
Depuis deux ans, avec le père Philip Denis, j’anime Maitri Bhavan, le centre de dialogue interreligieux du diocèse de Bénarès. Cela faisait longtemps qu’avec notre évêque, Mgr Eugene Joseph, nous avions le projet de redonner vie à ce lieu essentiel pour notre Église locale mais la Covid a bouleversé nos plans, m’entraînant à vivre de longs mois à Katmandou où j’ai poursuivi mon quotidien missionnaire dans un monde à la fois si semblable et si différent de celui des bords du Gange. Faisant récemment mémoire du chemin parcouru, j’ai compris clairement combien les incertitudes de la pandémie m’ont mystérieusement préparé à ouvrir un nouveau chapitre dans ma vie indienne. Il faut parfois accepter les temps de jachère et même l’effondrement de ses certitudes pour être disponibles à d’autres appels…
 
De nouveaux horizons
 
Depuis sa fondation en 1970, le diocèse de Bénarès vit une mission de dialogue très particulière. Comment pourrait-il en être autrement dans la ville sainte de l’Inde où coexistent huit religions qui, chacune solidement implantée, ont édifié une histoire plurimillénaire de rencontres et de métissages ? Dans un récent message de remerciement pour le travail accompli, Mgr Eugene Joseph m’écrivait : « Se rapprocher des personnes par des amitiés profondes, voilà le véritable dialogue qui est la mission de l’Église ici ». Fidèle à son nom sanskrit signifiant « la maison de l’amitié », Maitri Bhavan a toujours été un lieu où, envers et contre tout, se sont noués de beaux liens de confiance et d’estime réciproque entre hindous, musulmans, chrétiens, jaïns, sikhs, zoroastriens, juifs et bouddhistes… Né au même moment que le diocèse, Maitri Bhavan a puisé son inspiration dans la vision interreligieuse de Raimon Panikkar (1918-2010) qui, durant une décennie de 1964 à 1974, passait chaque hiver à Bénarès. À sa suite, plusieurs prêtres se sont succédé à la direction du centre, apportant leurs charismes propres mais, comme toute institution, Maitri Bhavan a connu une alternance de périodes fastes et d’autres plus léthargiques…
 
En m’invitant à poursuivre l’histoire de Maitri Bhavan, Mgr Eugene Joseph était bien conscient que le réseau d’amitiés que j’ai développé à Bénarès depuis presque quinze ans serait un gage de la renaissance du lieu. Cependant, en acceptant avec joie sa proposition pour une durée indéterminée, je n’avais pas imaginé combien cette mission allait déployer ma vie sur les bords du Gange. Je pense en particulier à la rencontre des différents chefs religieux qui ont toujours été en lien avec le diocèse. Sans doute, après un long enracinement préliminaire, j’étais désormais prêt pour me transformer en ambassadeur de l’Église auprès de Swami Avimukteshwarananda, Sankarâchârya de Jyothirpeet, auprès d’Abdul Batin Nomani, le Mufti-e-Banaras dont le rôle politique est central pour défendre la communauté musulmane contre la pression des fondamentalistes hindous, ou auprès de Vishwambharnath Mishra, grand prêtre du temple de Hanuman et fervent défenseur du caractère pluri-religieux de Bénarès. Comment aurais-je pu imaginer les amitiés intenses que j’allais recevoir en partant à la rencontre des gurdwaras sikhs ou des moines bouddhistes à l’intelligence étincelante qui enseignent à l’institut d’études supérieures tibétaines de Sarnath ? Et que dire de l’activiste sociale musulmane Muniza Khan ou d’Alka Singh qui dirige le lycée féminin de Raj Ghat, des femmes remarquables dont la compagnie m’est un trésor sans prix… Autant de visages et de vies qui m’ont entraîné vers de nouveaux mondes dont je n’avais pas soupçonné toute la richesse humaine et spirituelle…
 
Pour me préparer à ces rencontres qui me font passer en une même journée de l’orthodoxie hindoue à l’orthodoxie musulmane ou encore de la vertigineuse métaphysique du bouddhisme tibétain à l’ardeur ascétique des jaïns, je consacre chaque matinée à lire abondamment des ouvrages sur chacune de ces traditions – mettant en sourdine mon travail d’écriture. Heureusement que Bénarès ne manque pas de librairies bien achalandées pour me donner accès à un premier savoir qui s’approfondira de façon existentielle dans la rencontre des différentes religions. L’après-midi, après une heure d’adoration silencieuse du Saint-Sacrement, je pars visiter mes amis non plus seulement sur les bords du Gange mais dans tous les quartiers de la ville que je commence à bien connaître. À pied ou juché à l’arrière d’une mototaxi, je m’engouffre dans le bruit et la pollution des embouteillages monstres que nous devons affronter au quotidien, mettant parfois à rude épreuve ma santé qui ne saurait sortir indemne d’un tel environnement hostile… Heureusement qu’à bientôt cinquante ans, mon corps supporte encore l’indicible chaos indien qui a été le compagnon de plus de la moitié de mon existence…
 
Conversations à plusieurs voix
 
Chacune de ces visites quotidiennes est essentielle à la vie de Maitri Bhavan qui est avant tout une histoire d’amitiés. C’est bien parce qu’à travers tant de liens patiemment tissés, une confiance réciproque s’est instaurée entre nous, faisant voler en éclats beaucoup de préjugés à l’égard de l’Église catholique (richissime, étrangère à la culture de l’Inde, obsédée par les conversions…), que nous pouvons faire ensemble un pas supplémentaire… Concrètement, cela se traduit par l’organisation d’une rencontre mensuelle réunissant des chefs religieux, de simples fidèles et des personnes de la société civile – en particulier, des professeurs et des étudiants des quatre universités de Bénarès. Pour ces conversations, nous choisissons un thème précis et nous invitons les représentants de chaque religion à exposer leurs points de vue. Commence alors un temps d’échange entre les intervenants et l’auditoire. C’est un véritable exercice spirituel d’écoute réciproque et de respect qui conduit chacun à
Une conférence de Francis X. Clooney SJ à Maitri Bhavan en 2024
Une conférence de Francis X. Clooney SJ à Maitri Bhavan en 2024
être enrichi par tant de visions différentes et à se réjouir en même temps d’une unité plus profonde entre nous qui réside dans la commune humanité que nous partageons : l’insaniyat comme nous l’appelons en hindi. L’expérience de cette humanité plurielle est une grande espérance dans une ville et une nation aux prises avec les soubresauts des campagnes électorales ne sachant promouvoir que la polarisation et le conflit entre les castes et les religions. Au contraire, Maitri Bhavan voudrait donner l’avant-goût d’une humanité réconciliée selon la promesse des dernières pages de la Bible décrivant la beauté de la Jérusalem céleste dont les portes seront à jamais ouvertes pour accueillir l’adoration de tous les peuples. Plus encore, c’est parce que Maitri Bhavan jaillit de la foi chrétienne en la Trinité, mystère absolu où l’altérité et la différence ne sont plus une menace mais la vie même de Dieu, que le dialogue et l’écoute mutuelle président à nos rencontres offrant, sur tant de lignes de fractures qui traversent la société indienne, une expérience insoupçonnée à l’instar de celle que font des étudiants brahmanes des écoles védiques quand, pour la première fois de leur vie, ils ont l’opportunité d’entendre la parole d’un lettré musulman…
 
Les sujets que nous choisissons pour nos rencontres vont du registre le plus spirituel comme la conception de l’éveil dans chaque tradition au plus actuel comme l’écologie, l’éducation des femmes ou la place de celles-ci dans les religions. Pour ces derniers thèmes, nous avons invité les hommes à s’asseoir dans l’assistance et à écouter en silence les intervenantes débattre et cela fut une première tant les mondes religieux sont en Inde (et ailleurs aussi) largement aux mains des hommes. J’avoue être particulièrement fier d’avoir pu donner la parole à une hindoue, une musulmane, une chrétienne, une bouddhiste et une représentante de la tradition bahaïe apparue en Perse au XIXè siècle ! Nous aimons aussi faire mémoire des inspirateurs de Maitri Bhavan tel le Mahatma Gandhi (1869-1948) qui écrivait en 1921 : « Je ne veux pas que ma maison soit murée de tous les côtés et que mes fenêtres soient fermées. Je veux que les cultures de tous les pays circulent dans ma maison aussi librement que possible ». En une époque où les fondamentalistes hindous font tout leur possible pour occulter le dérangeant héritage spirituel du « Père de la Nation », il est bon de revenir aux convictions pour lesquelles Gandhi sacrifia sa propre vie… Chaque année, selon le désir de Mgr Eugene Joseph, nous organisons une conférence sur Raimon Panikkar pour permettre à sa pensée d’irriguer encore les milieux intellectuels de Bénarès. En 2023, l’indologue Bettina Bäumer nous parla avec émotion de celui avec lequel elle chemina pendant plus de cinquante ans. En 2024, ce fut le jésuite belge Jacques Scheuer qui nous résuma avec brio le maître ouvrage de Panikkar sur Le silence du Bouddha. Une introduction à l’a-théisme religieux, livre dans lequel le théologien indo-catalan écrivait s’être « limité à mettre le message du Bouddha en relation avec la situation de l’homme moderne, sans renoncer au Christ ni [à se] séparer des autres traditions. Pourquoi construire des murs et maintenir jalousement des séparations ? Exalter une tradition humaine et religieuse ne signifie pas mépriser les autres ».
 
Depuis deux ans, nous avons pu aussi organiser des rencontres autour d’insignes sages et penseurs qui ont vécu à Bénarès tel Jiddu Krishnamurthi (1895-1986) dont l’école à Raj Ghat continue de donner vie à ses profondes intuitions en matière d’éducation de la jeunesse. Pour le plus grand bonheur des étudiants et professeurs des universités de Bénarès – particulièrement ceux des départements de sanskrit et de philosophie – nous avons eu la joie d’accueillir de célèbres visiteurs comme le jésuite Francis-Xavier Clooney, professeur à Harvard, le théologien hindou américain Anantanand Rambachan ou le stimulant logicien anglo-indien Jonardon Ganeri dont les livres déploient une singulière pensée cosmopolite.
 
Prophétiques rencontres
 
Maitri Bhavan ne voudrait pas avoir d’autre mission que de refléter la grande richesse spirituelle de la ville sainte de l’Inde. Comme je le dis souvent à nos interlocuteurs, nous aimerions être simplement les serviteurs de la beauté de Bénarès ! En effet, bien plus que le mémorable lever de soleil sur l’autre rive du Gange, je crois de plus en plus que la splendeur de Bénarès provient de la culture unique qui s’est édifiée en son sein grâce aux multiples rencontres des traditions religieuses et aux trésors spirituels qu’ont légué les plus grands esprits qui, un jour ou l’autre, n’ont pas manqué de visiter la ville, voire même de s’y établir. Cette culture de métissages porte le nom de Ganga-Jamuni tehzeeb, littéralement la culture entre les deux fleuves sacrés, le Gange et la Yamuna. Elle décrit l’histoire des liens qui, malgré les tensions sporadiques, se sont noués au jour le jour entre hindous et musulmans à l’image du musicien hindou Tansen (1500-1589), fleuron de la cour d’Akbar (1542-1605), le grand empereur moghol qui dans l’ibadat khana – la maison de prière – de son palais de Fatehpur Sikri conviait des lettrés hindous, des moines jaïns, des mollahs musulmans et des jésuites catholiques à échanger ensemble… Comme tous les chefs-d’œuvre de l’humanité, la Ganga-Jamuni tehzeeb est aujourd’hui mise en péril par les radicalisations politiques. Aussi, il importe plus que jamais que Maitri Bhavan participe humblement à préserver ce riche tissu humain et spirituel qui a toujours fait de Bénarès un phare dans le Sous-Continent indien. Ceci est l’expression même du caractère secular inscrit au début de la constitution de l’Inde indépendante – adjectif que l’on hésite à traduire par « laïcité » tant la conception indienne diffère de celle de la France : en effet, « secular » signifie que l’État indien reconnaît toutes les religions sans en privilégier une seule… Un idéal bien éloigné de celui des suprémacistes hindous au pouvoir !
 
Une façon pour Maitri Bhavan d’honorer toutes les composantes de Bénarès consiste à célébrer ensemble nos fêtes religieuses. Ainsi pour Holi, le festival hindou des couleurs, nous faisons appel à des musiciens et des poètes venus de différentes traditions spirituelles. La fête des lumières de Dipawali permet de raviver en nous le désir de l’éveil dont les petites lampes à huile brillant dans les nuits d’automne sont une merveilleuse métaphore. Deux autres fêtes donnent l’occasion d’un plus grand rassemblement, non à Maitri Bhavan situé près du Gange mais dans la verdoyante propriété de l’évêché au chevet de la cathédrale. C’est d’abord le traditionnel
Un rassemblement interreligieux de Noël à Maitri Bhavan en 2022
Un rassemblement interreligieux de Noël à Maitri Bhavan en 2022
Christmas Milanà la veille de Noël où, devant plus de deux cents personnes, des représentants des huit traditions religieuses et des membres de la société civile délivrent un message de la paix qui, pour nous chrétiens, a le visage de Jésus, le « Prince de la Paix » mais qui pour tous est l’expression d’un désir ardent, surtout dans une société si divisée et polarisée comme est l’Inde aujourd’hui. L’autre événement organisé chez l’évêque est un iftar, la rupture du jeûne durant le Ramadan. Magnifique image de tapis étendus sur la pelouse pour accueillir le bref repas partagé ensemble avant que nos frères musulmans ne se mettent en ligne pour la prière de maghrib, entourés par les croyants d’autres religions, avec la cathédrale de Bénarès en toile de fond… Moments prophétiques dont nous ressortons profondément émus. Ce sont aussi des moments politiques où nous voulons embrasser la ville sainte dans sa beauté et sa diversité – non pour nous dresser les uns contre les autres mais pour apporter sur toutes les blessures de l’histoire un baume bienfaisant de communion. Pour moi qui dans l’adolescence avais pensé un temps fonder une famille et me lancer en politique, je souris intérieurement devant l’humour du Bon Dieu qui a réussi à me transformer au fil du temps en prêtre très politique…
 
Après chacune réunion, les différents participants ne manquent jamais de nous remercier, soulignant combien Maitri Bhavan est un lieu unique à Bénarès – peut-être le seul lieu où les religions peuvent se rencontrer, s’écouter et entrer en amitié – et combien je rends grâce au Seigneur quand je vois une complicité s’établir entre les uns et les autres ! Indéniablement, nous sommes ici au cœur de la vocation chrétienne qui consiste à être d’infatigables tisserands de fraternité et de réconciliation sur les fractures du monde. À mes yeux, le résultat est toujours de l’ordre du miracle et c’est pour cela qu’avant chacune de nos réunions mensuelles, je prie intensément pour que tout se passe au mieux, trop conscient que nous vivons à Bénarès et en Inde sur une poudrière. Une parole blessante pourrait être si vite prononcée… Au terme de nos rencontres, avec le Father Philip, nous rendons grâce au Seigneur pour ce qui nous a été donné de vivre ensemble. Quelque chose de simple mais de si essentiel…
 
Dilater l’Église
 
Après la crise de la Covid, les deux dernières années vécues à Bénarès ont été très denses, à l’image de la mesure évangélique « tassée, secouée, débordante » (Lc 6, 38) qu’on versera dans le pan de notre vêtement. Il est même difficile de ressaisir tout ce qui a été donné en abondance… Ces jours derniers, Mgr Eugene Joseph m’invitait à préparer un album photographique pour faire mémoire des rencontres de Maitri Bhavan depuis 2022.
 
Dans cette aventure qui a tant dilaté ma vie missionnaire, je bénéficie de la totale confiance de mon évêque et encore une fois, je comprends que l’on ne peut donner le meilleur de soi-même que si quelqu’un d’autre, libre de toute jalousie mesquine, nous invite à l’aventure ! Régulièrement, Mgr Eugene Joseph me retrouve sur les bords du Gange pour aller saluer l’un ou l’autre des responsables religieux de la ville mais, en temps normal, je suis comme son lieu-tenant auprès de chacun, comme l’ambassadeur de l’Église auprès de toutes ces traditions religieuses et institutions intellectuelles. Un prêtre des Missions Étrangères pourrait-il rêver d’une meilleure part ? Dans l’humilité de cette mission singulière au service de la mission de l’Église à Bénarès comme elle l’est aussi au service de la mission de son évêque, je suis comblé par une vie au grand-air qui me préserve des crises d’asthme spirituel que je redoute tant – ces crises que j’ai connues physiquement dans l’enfance et si souvent depuis dans les mondes clos ecclésiastiques.
 
« Le dialogue est au cœur de la mission de notre Église de Bénarès », m’écrivait récemment mon évêque. Pour toutes les Églises de l’Inde, il convient que Maitri Bhavan puisse continuer sa route et montrer qu’il est possible de sortir des forteresses religieuses dans lesquelles nos esprits et nos institutions savent si bien s’enfermer… Croire que dans une Inde plurielle soumise à tant de dérives politiques, le dialogue, la rencontre véritable et l’amitié sont autant de chemins de vie comme ils le sont aussi pour l’Église envoyée par son Seigneur dans le vaste monde. Il ne s’agit pas de regarder en arrière au risque d’être pétrifiés comme la femme de Lot (Gn 19, 26). Il convient plutôt de discerner les sentiers inattendus par lesquels nous devons nous engager dans les vastes horizons qui nous appellent toujours plus loin…
 
Une autre grâce de Maitri Bhavan est de permettre à des chrétiens indiens – prêtres, religieuses et laïcs – de s’ouvrir à des traditions religieuses dont ils ignorent souvent la noblesse faute de rencontres véritables avec leurs fidèles. Devant l’enthousiasme de nos amis hindous, musulmans, bouddhistes, jaïns, sikhs, ces chrétiens sont comme les ouvriers de la onzième heure ! Mais eux-aussi reçoivent le même salaire de joie profonde ! Comment enfin ne pas faire mention du bonheur d’accueillir chaque année des séminaristes pour une formation que je dispense sur les Écritures sacrées de l’hindouisme en parallèle avec des rencontres de lettrés hindous, de moines bouddhistes et de professeurs musulmans... Quand, à la fin de ce temps d’école buissonnière, ces futurs prêtres de l’Inde me confient tout ce que cette semaine à Bénarès leur a apporté en déplacements et enrichissements intérieurs, je les regarde partir avec beaucoup de tendresse, de fierté et d’espérance…
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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